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que le prince éprouvait toute la première ardeur de sa passion pour Paula, passion à la fois si aveugle et si clairvoyante, qu’elle ne pouvait s’affaiblir par l’apparente évidence des crimes de sa femme, dont il pressentait l’innocence ; si les révélations d’Iris, disons-nous, avaient eu lieu, lorsque le seul obstacle que Paula pût opposer à l’amour du prince était le souvenir de Raphaël… Raphaël toujours regretté, toujours adoré ; qu’arrivait-il ?

Arnold apprenait l’innocence de Paula ; Paula, l’indigne tromperie de Raphaël.

Que de chances alors pour que madame de Hansfeld partageât l’amour du prince qui méritait tant d’être aimé, qui s’était montré si vaillamment épris ! À force de soins, de tendresse, il se serait fait pardonner des soupçons dont il avait le premier si généreusement souffert ; Paula eût reconnu combien il avait, en effet, fallu de passion, d’opiniâtre passion à son mari pour continuer de l’aimer malgré de si funestes apparences : la vie la plus heureuse se fût alors ouverte devant elle, devant lui.

Malheureusement, les révélations d’Iris avaient été trop tardivement forcées ; plus malheureusement encore M. de Hansfeld aimait Berthe, et madame de Hansfeld M. de Morville. Ce double et fatal amour rendait leur position intolérable.

Madame de Hansfeld devait rester à jamais enchaînée à un homme qui ne l’aimait plus ; cet homme aimait une autre femme ; et pour faire ou-