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« Oh ! il ne sait pas ce que c’est de pouvoir se dire qu’on a résisté à un homme comme lui.

« J’éprouve un charme étrange à me rendre ainsi compte des pensées qu’il ignorera toujours, à être dans ces confidences muettes aussi tendre, aussi passionnée pour lui que je serai froide, réservée en sa présence ; je suis contente de ma dernière épreuve à ce sujet… De quel air glacial je l’ai reçu !

« Mais aussi quel courage il m’a fallu !… Sans la présence d’Iris, j’eusse été plus froide encore ; mais, la sachant là, j’étais rassurée contre moi-même.

« Cette jeune fille m’inquiète, elle m’entoure de soins ; pourtant je ne sais quel vague pressentiment me dit qu’il y a de l’hypocrisie dans sa conduite. Elle est sombre, distraite, préoccupée ; que lui ai-je fait ? Quelquefois, il est vrai, dans un accès de tristesse et de morosité, je la rudoie… J’y songerai… je la surveillerai.

« Que viens-je d’apprendre ?… Non, non, c’est impossible… l’enfer n’a pas voulu cela…

« Sa femme… Berthe de Brévannes, lui serait infidèle !…

« Si les preuves qu’on vient de m’apporter étaient vraies…

« Oh ! il est indignement joué… La misérable !… avec son air doux et candide… elle ne sent donc pas ce que c’est que d’être assez heureuse, assez honorée pour porter son nom ? Lui !… lui