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tait sur M. de Morville, à l’instant ces trois mots sinistres flamboyaient à sa vue :

Si j’étais veuve !

Et elle n’osait pas s’avouer qu’elle eût été satisfaite si l’une des tentatives d’Iris avait réussi.

Nous l’avons dit, rien de plus fatal que de familiariser sa pensée avec de simples suppositions qui, réalisées, seraient des crimes ; si monstrueuses qu’elles paraissent d’abord, peu à peu l’esprit les admet d’autant plus facilement qu’elles flattent davantage et incessamment les intérêts qu’elles serviraient.

Cela est funeste… la vue continuelle d’une proie facile éveille les appétits sanguinaires les plus endormis.

Rentrée chez elle, Paula réfléchit longtemps aux paroles mystérieuses d’Iris, à propos de la présentation de Berthe à l’hôtel Lambert.

— « Maintenant vous n’avez plus rien à désirer… quand il vous plaira vos vœux seront comblés. »

Un secret instinct lui disait que du rapprochement du prince, de M. de Brévannes et de Berthe, il pouvait résulter de graves complications ; mais que pouvait y gagner son amour à elle, pour M. de Morville ?

À ce moment, madame de Hansfeld fut interrompue par Iris.

— Que voulez-vous ? — lui dit-elle brusquement.