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buse pas sur la fragilité humaine, et préfère fuir le danger que de l’affronter.

Pourtant ne pas présenter Berthe à la princesse, c’était renoncer à l’avenir qu’il entrevoyait si brillant.

Ce sacrifice lui fut impossible ; comme ceux qui, renonçant à se faire aimer, espèrent se faire craindre, il essaya d’intimider Berthe, et lui dit brutalement :

— Lorsqu’on a l’effronterie de professer ouvertement de tels principes, madame, on n’a pas besoin d’aller dans le monde pour tromper son mari.

— Assez, monsieur… assez — dit fièrement Berthe ; — puisque vous me comprenez ainsi, je n’ai rien à ajouter… Je vous accompagnerai quand vous le voudrez chez madame la princesse de Hansfeld.

— Et prenez bien garde à ce que vous ferez… au moins… Rappelez-vous bien ceci… je vous le répète à dessein… l’amour peut être indulgent, généreux… l’orgueil, jamais… Ainsi je serais pour vous impitoyable… si vous aviez le malheur de vous mal conduire, je vous briserais, je vous écraserais sans pitié, entendez-vous ? — ajouta-t-il, les lèvres contractées par la colère en saisissant rudement le bras de Berthe.

Celle-ci, très calme, se dégagea doucement et lui répondit :

— Avec toute autre que moi, monsieur, vous au-