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disait-il à ma tante, pour ne pas blesser mon amour-propre.

Un jour, me trouvant seule, il me déclara son amour, se faisant un mérite à mes yeux de l’habileté avec laquelle il avait, disait-il, trompé, égaré l’opinion, en paraissant s’occuper de ma tante : sacrifice énorme, dont je lui devais savoir gré.

— Et votre tante ne fut pas instruite de l’aveu de Charles de Brévannes ?

— Le soir même elle sut tout.

— Le voilà démasqué.

— Enfant…, tu connais peu la faiblesse et la vanité des femmes !

— Elle ne vous crut pas ?

— Si, d’abord…, ce soir-là, notre porte fut refusée à M. de Brévannes. Il devina tout, écrivit une longue lettre à ma tante… le lendemain il fut reçu plus affectueusement encore que d’habitude. — En le quittant, ma tante vint me gronder sévèrement. — Jalouse, me dit-elle, de la passion de M. de Brévannes, je l’avais calomnié, afin de lui faire interdire l’entrée de la maison.

— Malheureuse femme… ; elle était folle…

— Les choses reprirent leur marche accoutumée… Charles de Brévannes ne me dit plus un mot d’amour, mais il passait des journées entières avec nous… Le 13 avril…, oh ! jamais je n’oublierai cette date, ma tante me dit, après déjeuner, que le bruit de la cour de l’hôtellerie l’incommodait, et qu’elle changerait le soir même de logement avec