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encore toutes les personnes auxquelles celle-ci témoignait quelque bienveillance. Sa haine augmentait toujours en raison de la vivacité des sentiments qu’on inspirait à sa marraine.

Ainsi, la sachant passionnément éprise de M. de Morville, elle exécrait celui-ci autant… plus même que M. de Brévannes… car elle ressentait une sorte de bizarre reconnaissance envers ceux qui inspiraient de l’aversion à la princesse.

Iris sortait à peine de l’enfance ; elle s’entourait d’une impénétrable dissimulation. Jamais madame de Hansfeld ne l’avait crue capable de cette exaltation sauvage ; et cependant cette jeune fille, poursuivant son but avec une inflexible énergie, égarée par une jalousie féroce, avait frappé sa maîtresse dans ses affections les plus chères.

Après un assez long silence, madame de Hansfeld, sortant de sa rêverie, fit signe à Iris de s’approcher d’elle.

Celle-ci, s’agenouillant et s’accroupissant, ainsi que font les Espagnols à l’église, croisa les bras, attacha ses grands yeux clairs, fixes et perçants sur les yeux de madame de Hansfeld avec ce mélange d’intelligence, de soumission et de dévouement particulier à la race canine ; et, de crainte de perdre un mot, un geste, une nuance de la physionomie de sa marraine, dès que celle-ci eut commencé de parler, elle se suspendit à ses lèvres… pour nous servir de l’expression consacrée.