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qu’elle avait presque élevée ; elle ne se trompait pas, mais elle ignorait avec quelle violence ce sentiment, absorbant tous les autres, s’était développé dans le cœur de sa filleule.

Celle-ci avait toujours soigneusement caché les accès de jalousie féroce que lui causaient les moindres préférences de sa maîtresse…

Sombre, taciturne, impérieuse avec les autres domestiques de la princesse, Iris était généralement crainte ou détestée à l’hôtel Lambert.

Sa fonction de demoiselle de compagnie lui permettait de s’isoler complètement et de se vouer à cette idée fixe, absolue, incessante :

Vivre pour sa marraine.

Son chagrin de tous les instants était de ne pas se trouver assez utile, assez nécessaire à madame de Hansfeld, qui, riche, titrée, libre de ses actions, pouvait se passer du secours ou du dévouement de sa filleule…

Alors quelquefois, dans la funeste exagération de son attachement, Iris formait des vœux détestables : elle désirait presque voir sa maîtresse malheureuse pour avoir l’ineffable bonheur de la consoler, de la secourir, de lui consacrer ses jours et ses nuits, pour pouvoir enfin développer dans toute sa puissance le sentiment qui la dominait.

D’après cet aperçu du caractère d’Iris, enfant abandonnée, bohémienne ou Maure, on doit penser qu’elle poursuivait d’une haine amère les ennemis, non seulement de madame de Hansfeld, mais