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l’amour de M. de Brévannes. S’il entrait en fureur à la seule pensée (complètement fausse et injuste) que sa femme pouvait lui être infidèle, c’était surtout parce que la faute de Berthe aurait couvert (pensait-il) d’un ridicule ineffaçable ce mariage d’inclination auquel il avait tant sacrifié. M. de Brévannes voulait au moins pouvoir se vanter de la conduite irréprochable, exemplaire, de la femme pauvre et obscure qu’il avait choisie.

Après dix-huit mois de mariage, M. de Brévannes, s’ennuyant beaucoup de son bonheur, avait été faire en Italie un voyage de quelques mois, laissant sa femme sous la protection de Pierre Raimond, dont il reconnaissait d’ailleurs l’austère moralité. Le vieux graveur n’avait jamais voulu consentir à venir habiter avec sa fille chez M. de Brévannes pendant l’absence de son mari. Berthe alla s’établir auprès de son père dans l’île Saint-Louis, et reprendre, rue Poultier, sa petite chambre de jeune fille.

Depuis ce voyage d’Italie, où il avait connu madame de Hansfeld, ainsi qu’on le verra plus tard, l’humeur de M. de Brévannes s’était beaucoup aigrie ; son caractère était devenu sombre, irascible, souvent même d’une dureté cruelle, et Berthe en avait quelquefois douloureusement souffert. Ces préliminaires établis, nous suivrons M. de Brévannes chez lui à son retour du bal de l’Opéra, où il avait été si malignement intrigué par madame Beauvoisis (le domino du coffre).