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soit infidélité, cet homme ne géra pas avantageusement les intérêts de son pupille, qui, majeur en 1825, ne se trouva en possession que de quarante mille livres de rentes environ.

M. de Brévannes, retrouvant dans le monde plusieurs de ses camarades de collège, mena durant quelques années une joyeuse vie de jeune homme, sans pousser néanmoins ses dépenses jusqu’à la prodigalité ; il était égoïste et ordonné.

Vers la fin de 1831, il épousa Berthe Raimond.

Pour expliquer ce mariage, il est nécessaire de poser le caractère de M. de Brévannes. Assez mal élevé, n’ayant reçu qu’une banale éducation de collège, rien n’avait adouci, tempéré sa fougue naturelle. Le trait culminant, primordial de ce caractère singulièrement énergique et orgueilleux, était une incroyable opiniâtreté de volonté.

Pour parvenir à son but, M. de Brévannes ne reculait devant aucun sacrifice, devant aucun excès, devant aucun empêchement.

Ce qu’il souhaitait, il voulait le posséder, autant pour satisfaire son goût, son caprice du moment, que pour satisfaire l’espèce d’orgueil tenace qu’il mettait à réussir, bon gré, mal gré, coûte que coûte, dans tout ce qu’il entreprenait.

M. de Brévannes poussait l’économie jusqu’aux limites de l’avarice, la personnalité jusqu’à l’égoïsme, la sécheresse d’âme jusqu’à la dureté. Fallait-il triompher d’un obstacle, il devenait dévoué, généreux, délicat, si cela servait ses projets, mais,