Page:Sue - Paula Monti, tome 1, 1845.djvu/47

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— C’est peut-être une de vos victimes, monstre ! — dit en riant M. de Fierval à M. de Brévannes.

— La malheureuse l’aura subitement reconnu — dit un autre.

— Infidèle !

— Monstre de perfidie !

— Qui sait ? — dit le malin domino — c’est peut-être ta femme, Brévannes.

Un éclat de rire universel accueillit cette plaisanterie.

— Ça serait très piquant, au moins… tu lui as peut-être caché que tu venais au bal de l’Opéra… Dans sa candeur, elle l’aura cru… et dans sa candeur… elle sera venue de son côté.

M. de Brévannes endurait à merveille toutes les plaisanteries, sauf celles qui concernaient sa femme. Il ne put dissimuler sa mauvaise humeur, et tâcha de rompre la conversation, en disant à M. de Fierval :

— Venez-vous souper, Fierval ? il est assez tard.

— Oh ! affreux jaloux ! — s’écria le domino — il est capable de faire, en rentrant chez lui, une scène horrible à sa malheureuse femme, le tout à cause de la plaisanterie stupide d’un domino… Pauvre Berthe !

— La preuve que je ne suis pas piqué, beau masque — dit M. de Brévannes en riant d’un air contraint — et que je ne te garde pas rancune, c’est