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cesse en souriant — en vous avouant encore que si j’ai lu ces œuvres distinguées toujours avec curiosité, souvent avec une vive émotion, c’est un peu grâce au mystère qui entourait cette correspondance dont vous faisiez seul les frais, et aussi parce que le hasard vous inspirait parfois des pensées fort touchantes dont j’étais émue jusqu’aux larmes… car j’ai le malheur… ou plutôt le bonheur de pleurer à la lecture du moindre roman sentimental…

— Ah ! madame, vous raillez cruellement.

— Je voudrais du moins, monsieur, que cette entrevue, commencée sous de si sombres auspices, se terminât un peu plus gaiement ; car, après tout, nous sommes au bal de l’Opéra… Pourquoi d’ailleurs, monsieur, nous quitter si tristement ? Je vous avais cru instruit d’un secret assez maussade… Il n’en est rien, je suis complètement rassurée… J’ai pour me défendre de vos séductions mon respect pour mes devoirs, mon indifférence et la révélation qu’on vous a faite… Notre position est parfaitement tranchée, que pouvons-nous désirer de plus ? Adieu, monsieur… Cette entrevue m’a confirmé tout le bien qu’on dit de vous… Je sais qu’il est inutile de vous recommander le secret… sur ma démarche, qui pourrait être indignement calomniée… Pour plus de prudence… je sortirai d’ici la première… Vous voudrez bien attendre quelque temps avant de quitter cette loge.

Et madame de Hansfeld, se levant, remit son masque et se dirigea vers la porte.