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en souriant avec un ton de légèreté qui le confondit et renversa ses idées :

— Vous avouerez, monsieur, que ma surprise… je dirai même ma frayeur, était assez naturelle… en vous entendant dire que mon amour pouvait entraîner à sa suite de si épouvantables résultats… le parjure… le crime… Mon Dieu !… j’en frissonne encore… Jugez donc quel bonheur pour vous… surtout, que je sois parfaitement indifférente à cette passion… éperdue… que vous croyez ressentir… En vérité, monsieur, vous êtes trop heureux… vous avez pour vous sauvegarder de la tentation de m’aimer désormais, non seulement mon indifférence, mais encore les plus graves motifs qui puissent déterminer un homme comme vous… Seulement il me semble que, parmi ces obstacles formidables qui devaient si mortellement contrarier mon amour pour vous, monsieur, vous auriez pu dire un mot de mon mariage avec M. de Hansfeld. Vous me permettrez de vous signaler cet oubli, et de vous avouer qu’à mes yeux cet obstacle est le plus sérieux de tous… Il me reste, monsieur, à vous parler des lettres que j’ai reçues de vous parce que je ne pouvais pas faire autrement, et que j’ai lues… et quelquefois gardées, parce qu’un recueil de pensées très spirituellement écrites et attribuées, comme elles l’étaient, à un être imaginaire, ne peut passer pour une correspondance. Vous avez trop de mérite, monsieur, pour être vain ; je ne blesserai donc pas votre amour-propre d’auteur — ajouta la prin-