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mortel à ma mère… sans fouler aux pieds le devoir le plus saint… le serment le plus sacré, sans être enfin parjure et criminel !…

— Criminel ! — s’écria madame de Hansfeld en se levant à demi, les traits bouleversés par la crainte et par la douleur.

Ce cri involontaire était un aveu ; il trahissait l’amour de la princesse, amour jusqu’alors profondément caché.

Si M. de Morville eût été indifférent à madame de Hansfeld, aurait-elle manifesté ce désespoir, cette épouvante ? Non, sans doute. Mais elle voyait une barrière infranchissable s’élever entre elle et M. de Morville ; n’avait-il pas dit : Si vous m’aimiez je serais le plus malheureux des hommes, car je ne pourrais vous aimer sans parjure, sans crime, sans porter un coup mortel à ma mère ?

Et M. de Morville était cité pour sa loyauté, et il ne vivait que pour sa mère…

Madame de Hansfeld comprit la portée du mot qui lui était échappé. Un éclair de bonheur rayonnait sur les traits de M. de Morville… son instinct ne le trompa pas… il se crut aimé ; mais ce premier enivrement passé, il frémit en songeant à l’abîme de maux et de douleurs que l’involontaire aveu de madame de Hansfeld ouvrait devant lui.

La princesse se possédait trop pour ne pas vaincre l’émotion qui l’avait un moment trahie. Espérant donner le change à M. de Morville, elle lui dit