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je n’oublierai l’expression de surprise qui se peignit sur vos traits après avoir lu… Pardonnez aux rêveries d’un fou… Mais je ne vous crus pas irritée d’être ainsi devinée ; car, au lieu de déchirer cette lettre, vous l’avez gardée. Un jour votre agitation était si grande que vous ne vîtes pas ma lettre… Vous sembliez transportée de colère et de douleur… Mon instinct me dit que ce chagrin n’était pas nouveau. Il me sembla qu’on devait avoir réveillé en vous un funeste souvenir… Je vous écrivis en ce sens, et, le lendemain, en lisant ma lettre vos larmes coulèrent.

Madame de Hansfeld fit un mouvement.

— Oh ! madame, ne me reprochez pas de m’appesantir sur ces souvenirs ; ils sont ma seule consolation… Ainsi, encouragé par la curiosité avec laquelle vous sembliez attendre ces billets, j’écrivis chaque jour. Malheureusement l’état de ma mère devint alarmant ; pendant deux nuits je ne quittai pas son chevet… je ne songeai qu’à elle. Son danger diminua ; mes inquiétudes se calmèrent : ma première pensée fut de courir à ma précieuse fenêtre… Peu de temps après vous entriez dans l’allée ; j’en crus à peine mes yeux lorsque je vous vis courir légèrement au banc de marbre… il n’y avait pas de lettre… Un moment d’impatience vous échappa… j’osai l’interpréter favorablement…

M. de Morville regarda madame de Hansfeld avec inquiétude ; ses yeux étaient baissés, ses bras