Page:Sue - Paula Monti, tome 1, 1845.djvu/37

Cette page a été validée par deux contributeurs.

meaux d’un lierre immense, s’ouvrait sur votre jardin… C’est de là que je vous aperçus par hasard et à votre insu, madame, car vous deviez croire que personne au monde ne pouvait voir dans l’allée couverte et reculée où vous vous promeniez habituellement.

Madame de Hansfeld parut rassembler ses souvenirs, et dit :

— En effet, monsieur, je me souviens de ce mur tapissé de lierre ; j’ignorais qu’une fenêtre y fût cachée.

— Pardonnez-moi l’indiscrétion que je commis alors, madame ; elle devait m’être funeste…

— Expliquez-vous, monsieur.

— Retenu auprès de ma mère souffrante, je sortais fort peu ; mon seul plaisir était de me mettre à cette croisée ; l’espérance de vous voir me retenait de longues heures derrière le rideau de lierre… Enfin arrivait le moment de votre promenade ; vous marchiez tantôt à pas lents… tantôt à pas précipités… souvent vous tombiez comme accablée sur un banc de marbre, où vous restiez longtemps le front caché dans vos mains… Hélas ! que de fois, lorsque vous releviez la tête après ces longues méditations, je vis votre visage baigné de larmes.

À ce souvenir, M. de Morville ne put vaincre l’émotion de sa voix.

Madame de Hansfeld lui dit sèchement :

— Il ne s’agit pas, monsieur, d’impressions plus ou moins fugitives que vous avez pu indiscrètement