sur le bonheur d’aimer même sans espoir, de même qu’on aime Dieu pour Dieu, et de trouver dans la seule dévotion à l’objet adoré une pure et ineffable félicité. Vos pensées, à ce sujet, sont en tout si semblables aux miennes… et cela dans leurs nuances les plus insaisissables, qu’à force de m’en étonner, il m’est venu à l’esprit une idée absurde, bizarre, folle… Cette idée est que… mais non… je n’oserai pas même vous l’écrire… du moins, avant de vous avoir avoué une autre de mes croyances… Je suis fermement convaincu que deux personnes, passionnément éprises l’une de l’autre, doivent avoir sur l’amour certaines idées absolument semblables… Aussi, en conséquence de toutes mes folles pensées, je suis assez fou pour conclure… que vous pourriez bien être… la femme que j’aime… sans espoir, et qui, à un bal de l’Opéra, m’a dit ces mots : Faust et Childe-Harold… lors d’une soirée que je n’oublierai de ma vie. »
En lisant ce passage, madame de Hansfeld tressaillit et devint pourpre de surprise, de bonheur et de confusion ; elle continua de lire avec un violent battement de cœur.
« Pardonnez-moi cet espoir insensé… Si je me trompe, ces mots seront incompréhensibles pour vous ; si je ne me trompe pas, il peut néanmoins vous convenir que je n’aie pas deviné, alors vous me répondrez que je suis dans l’erreur, et notre correspondance continuera comme par le passé.
« Maintenant, par quel pressentiment, par quel