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— Oh ! mon père… Jamais… jamais…

— Berthe… mon enfant…, tu sais ce que je pense au sujet de ces asiles dus et ouverts à l’infortune honnête ; et d’ailleurs, voyons, crois-tu que dans notre position je puisse avoir la moindre obligation à ton mari ?

— Non, sans doute… Oh ! jamais… Après ses durs et humiliants reproches.

— Eh bien donc !… que faire ? comment vivre ?

— Écoute, mon bon père… Depuis la scène pénible qui a eu lieu ici… il y a quelques jours, lorsque mon mari a osé vous reprocher le secours qu’il vous accordait…, j’ai bien réfléchi à votre position, et j’ai, je crois, trouvé un bon moyen de l’améliorer… si vous voulez toutefois me seconder.

— Parle… parle.

— Hélas ! je suis aussi pauvre que vous, mais il me reste, Dieu merci, le talent que vous m’avez donné… Autrefois, il nous aida à vivre… Depuis mon mariage, il a été ma consolation pendant de cruels moments de chagrins… Il sera aujourd’hui notre ressource.

— Chère enfant… que veux-tu dire ?

— Charles me laisse libre de vous consacrer les matinées du jeudi et du dimanche de chaque semaine… Qui m’empêche ces jours-là d’avoir ici, comme autrefois, des écolières dans la chambre que vous m’avez conservée ? je prierai quelques-unes de mes anciennes élèves de m’en chercher… et pour que l’amour-propre de mon mari n’en souffre pas,