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— Pauvre enfant… — Continue.

— Ses traits se rembrunirent aussitôt ; il s’écria avec amertume : — À quoi cela me sert-il d’être mieux ? À quoi bon espérer… si j’ai quelque chose à espérer… lorsque vous êtes là comme une chaîne à laquelle je suis désormais et pour toujours attaché… Maudit, maudit soit le jour où j’ai été assez faible pour vous épouser… pour donner, comme un sot, dans le piège que vous et votre père m’avez tendu…

Le vieillard comprima un mouvement de colère, et reprit d’une voix ferme : — Et puis ensuite… mon enfant…

— Ce reproche était si cruel, si blessant, si peu attendu, que je n’ai su que répondre… j’ai pleuré. Il s’est levé violemment en s’écriant : — Quel supplice ! oh ! ma liberté ! ma liberté !… Mon Dieu… je ne le gêne en rien… Pourtant, tout ce que je lui demande, c’est de me permettre de venir vous voir.

— Oh ! patience… patience… — s’écria le graveur d’une voix contenue.

— Voyant qu’il me traitait ainsi — reprit Berthe — je m’écriai : Charles, voulez-vous vous séparer de moi ? si je vous suis à charge, dites-le…

— Eh bien ! oui — me répondit-il en fureur — oui ! vous m’êtes à charge ; oui, je vous hais… car vous m’avez contraint de faire le plus sot des mariages…, et jamais je ne vous le pardonnerai… — Mais, mon Dieu — lui dis-je — qu’ai-je fait, qu’avez-vous à me reprocher ?