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— Calme-toi, chère enfant, la Providence a eu pitié de nous. Aucun pressentiment ne t’a avertie parce que sans doute je devais être sauvé… Tu le vois — dit Pierre Raimond en souriant tristement — tu me rends aussi superstitieux que toi… mais n’oublions jamais ce que nous devons à ce généreux inconnu.

— Oh ! jamais… jamais je ne l’oublierai ; mais je crains que ma reconnaissance se confonde et se perde dans ma joie de te revoir, bon, excellent père… maintenant je n’ai plus que toi au monde… — s’écria Berthe en fondant en larmes.

Pierre Raimond serra tendrement les mains de Berthe dans les siennes et lui dit avec amertume :

— Encore de nouveaux chagrins !… malheureuse enfant !…

— Il ne m’aime plus !… je lui suis à charge !… je lui suis odieuse !… — dit Berthe en fondant en larmes.

— Oh ! mes prédictions !… — s’écria douloureusement le vieillard.

— Mon père, ne m’accablez pas !…

— Ce n’est pas un reproche, pauvre petite… Hélas ! c’est un cri de satisfaction amère… Mon amour pour toi ne m’avait pas trompé… Mais qu’y a-t-il donc encore ?

— Vous le savez, depuis la pénible scène qui eut lieu ici le surlendemain de notre arrivée, l’humeur de Charles s’est de plus en plus aigrie, surtout à