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impression à la Comédie-Française… impression qui s’était changée en une sorte d’amour vague, romanesque, idéal.

On se souvient que la loge du prince était si obscure que madame de Brévannes, malgré sa curiosité, n’avait pu l’apercevoir.

À ces mots de Pierre Raimond : « Nous ne sommes pas seuls, » Berthe, rougissant de confusion, fit un pas vers la porte.

Mais Pierre Raimond prit sa fille par la main, et lui montrant M. de Hansfeld :

— Ma fille… mon sauveur.

— Que dites-vous, mon père ?

— Tout à l’heure, perdu au milieu du brouillard, me trompant de chemin, je suis tombé dans la rivière.

— Grand Dieu !

Et Berthe se précipita dans les bras du vieux graveur, le serra fortement contre son cœur, puis le regarda avec anxiété.

— Monsieur se trouvait par hasard sur le quai — reprit Pierre Raimond — il m’a sauvé… Mais ses forces s’étaient épuisées dans la lutte, je l’ai transporté ici…

— Ah ! monsieur — s’écria Berthe — vous m’avez rendu mon père, alors que je n’ai peut-être jamais eu plus besoin de sa tendresse… et de sa protection !… Hélas ! nous ne pouvons rien pour vous ; mais Dieu se chargera d’acquitter notre dette…