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Le courant était si rapide que, pendant le peu d’instants que dura ce sauvetage inespéré, les deux hommes se trouvèrent entraînés bien loin du talus, et heureusement vers un endroit du rivage très plane, très accessible, car les forces de M. de Hansfeld étaient à bout.

Dans ce danger, Pierre Raimond, conservant tout son sang-froid, facilita les efforts de son sauveur au lieu de les paralyser, ainsi que cela arrive quelquefois dans ces luttes désespérées contre la mort.

Lorsque M. de Hansfeld et Pierre Raimond furent en sûreté sur la grève, le vieux graveur eut, pour ainsi dire, à sauver à son tour son sauveur ; à la force factice, fébrile du prince succéda un anéantissement complet.

La nuit approchait, le crépuscule rendait la brume encore plus sombre ; en vain Pierre Raimond appela du secours, le bruit du vent et des grandes eaux couvrit sa voix ; vains appels d’ailleurs, il ne passait presque personne sur ces quais solitaires.

M. de Hansfeld tremblait convulsivement ; frêle et chétif, il lui avait fallu être deux fois courageux pour s’exposer à un si grand péril avec si peu de forces pour le surmonter. Le vieux graveur, encore robuste pour son âge, prit Arnold entre ses bras comme on prendrait un enfant, remonta la grève en marchant avec précaution, et atteignit un escalier qui conduisait au quai.

Pierre Raimond se trouva en face de sa maison,