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venaient de sonner à l’église de Saint-Louis, un brouillard, rendu plus intense par le voisinage des deux bras de la Seine qui baignent l’île Saint-Louis, se répandit sur ce quartier solitaire.

Environ à la hauteur de l’ancien hôtel de Bretonvilliers alors en démolition, le quai d’Orléans, n’étant pas encore revêtu d’un parapet, formait un talus très escarpé, qui, à cet endroit, encaissait la rivière.

Un homme enveloppé d’un manteau se promenait lentement sur cette berge, s’arrêtant quelquefois pour regarder le rapide courant de la Seine, gonflée par les pluies d’hiver. Ce quartier, toujours si désert, était plongé dans un morne silence ; la brume s’épaississait de plus en plus, cachait presque entièrement l’autre rive du fleuve, et, voilant à demi les bâtiments abattus de l’hôtel Bretonvilliers, leur donnait une apparence presque grandiose. Ces hautes murailles, en partie détruites, çà et là découpées à jour par de larges baies vides de fenêtres, dessinant leurs masses noircies par le temps sur le ciel gris, ressemblaient à des ruines imposantes.

L’homme dont nous parlons contemplait avec tristesse l’aspect mélancolique de ce quartier. La tête baissée sur sa poitrine, il marchait lentement le long du talus, s’arrêtant de temps à autre pour écouter le murmure des eaux sur la grève, ou pour regarder d’un œil fixe le courant du fleuve.