Page:Sue - Paula Monti, tome 1, 1845.djvu/20

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Comment cela ? — dit M. de Gercourt.

— Nous parlions tout à l’heure de l’admiration générale qu’inspirait la princesse de Hansfeld — dit le domino. — Eh bien ! M. de Morville affecte de faire le contraire de tout le monde. Qu’il soit indifférent à la beauté de madame de Hansfeld, soit ; mais de l’indifférence à l’aversion, il y a loin…

— À l’aversion ! Que voulez-vous dire ? — demanda M. de Brévannes.

— Voilà un nouveau crime dont mon pauvre Morville est bien innocent, j’en suis sûr — dit M. de Gercourt.

— Tout le monde sait — repartit le domino — qu’il feint l’aversion la plus prononcée pour madame de Hansfeld.

— Morville ?

— Certainement, quoiqu’il aille assez peu dans le monde, maintenant il affecte de fuir les endroits où il peut rencontrer la princesse. C’est à ce point, qu’on ne le voit plus que très rarement chez sa tante, madame de Lormoy, sans doute par crainte d’y trouver madame de Hansfeld. Voyons, Fierval, vous qui connaissez madame de Lormoy, est-ce vrai ?

— Le fait est que je rencontre maintenant rarement Morville chez elle.

— Tu l’entends ? — dit le domino triomphant en s’adressant à M. de Gercourt. — L’antipathie de Morville pour la princesse se remarque ; on en jase… on s’en étonne… Voilà tout ce que voulait cet Apollon sans cervelle.