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lui dis seulement qu’ayant les choses les plus graves à lui écrire, je la supplie de me mettre à même de lui adresser une lettre en toute sécurité…

— Alors cette lettre est inutile… Je lui ferai cette proposition ; si elle accepte, elle vous le fera savoir. Quel est votre nom, votre adresse ?

— Je m’appelle Charles de Brévannes ; voici ma carte… Vous entendez bien ? Charles de Brévannes.

— J’entends bien…

— Ce nom vous est tout à fait inconnu ?

— Tout à fait.

— Jamais madame de Hansfeld ne l’avait prononcé devant vous ?

— Jamais.

M. de Brévannes, contrarié de la réserve de la jeune fille, tenta une autre voie pour la gagner.

— Tenez, ma chère enfant, il faut tout vous dire… J’ai en effet des choses intéressantes à révéler à madame de Hansfeld ; mais — ajouta-t-il avec un accent flatteur, presque tendre — j’ai quelque chose aussi à vous dire, à vous.

— À moi ?

— Sans doute. Je vous ai vue l’autre jour passer dans la rue Saint-Louis, je vous ai trouvée charmante… trop charmante pour mon repos…

La mulâtresse baissa la tête sans répondre.

Peut-être sera-t-elle plus sensible à des douceurs, à des cajoleries qu’à de l’argent, pensa M. de Brévannes ; il reprit :

— Oui, et depuis ce jour j’ai doublement dé-