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me parle, je suis absous de présomption par cette vérité bien connue : Être aimé ne prouve pas qu’on mérite d’être aimé. Mais, quant à moi, j’ai toujours pensé que ceux qui aimaient méritaient toujours autant de respect que d’admiration.

« Léon de Morville. »

Le lendemain, M. de Morville reçut cette réponse par la poste :

« On vous avait bien jugé, noble et généreux cœur ; votre lettre a fait couler des larmes sans amertume. Votre rare délicatesse aurait encore, si cela était possible, augmenté la folle passion que vous avez inspirée… Folle passion !… oh ! non… non… jamais amour n’a été plus réfléchi, plus médité, plus sage… car vous êtes digne de répondre à toutes les exigences de l’âme la plus pure, la plus élevée.

« Non, ce n’est pas une folle passion que celle que vous inspirez ; on s’en honore, on s’en pare comme d’une vertu… Maintenant on a une dernière grâce à vous demander ; on sait que si vous ne l’accordez pas elle est inopportune ; si, au contraire, vous l’accordez, c’est que vous comprendrez de quelle immense consolation elle peut-être pour un cœur rempli de vous. On voudrait de temps à autre vous écrire, non pas pour vous parler d’un amour qui désormais n’élèvera plus la voix, mais pour vous faire entendre quelquefois les accents d’une voix amie.