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profond, nourri depuis longtemps dans le silence et dans le mystère, amour passionné que vous seul pouvez inspirer et justifier ?

« Répondez… Voulez-vous de cet amour ?…

« Bien des hommes seraient fiers de le partager. On ne vous dit pas cela par orgueil… car cet amour… on le met à vos pieds avec autant d’humilité que de crainte… Si vous êtes libre, si vous pouvez consacrer… ou plutôt si vous permettez qu’on vous consacre une vie tout entière… dites un mot… et demain vous saurez qui vous écrit cette lettre…

« La confiance que l’on a en vous est telle que l’on vous croira aveuglément. Rien ne vous sera plus facile que de tromper un cœur rempli de vous. Vous pourrez prendre impunément cet amour comme un jouet avec l’arrière-pensée de le briser bientôt ; vous pourrez légèrement, insoucieusement, porter un coup mortel à un cœur trop épris… On vous dit cela parce qu’on vous sait bon et généreux… parce qu’on ne présume pas trop de votre cœur et de votre franchise en attendant une réponse loyale… Quelle qu’elle soit, elle sera reçue avec reconnaissance…. Votre sincérité consolera du moins l’amertume d’un refus. Ce malheureux amour rentrera dans le mystère et dans l’obscurité dont il n’aurait jamais dû sortir ; quoiqu’il ne soit pas partagé, il ne sera pas moins fervent et éternel ; vous pouvez y être insensible, mais vous ne pouvez l’empêcher d’exister.