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Par une fatalité à laquelle tous les hommes obéissent, son amour s’augmentait en raison des obstacles insurmontables qui le séparaient de Paula.

Par cela même qu’il accomplissait un douloureux sacrifice en la fuyant, il se consolait en nourrissant au fond de son cœur cette fatale passion ; quelquefois, mais en vain, il voulait se reprendre à son ancien amour pour lady Melfort, il voulait faire jaillir quelque étincelle de ces cendres refroidies.

En vain il se demandait par quel décroissement insensible il était arrivé si vite à l’oubli complet d’un sentiment qui naguère encore occupait toute sa pensée… En vain il se demandait la cause de son amour pour madame de Hansfeld. Elle était sans doute d’une beauté remarquable… Quant à son cœur, à son esprit, il ne pouvait en juger. Dans son unique conversation avec la princesse, celle-ci avait été dédaigneuse, ironique et froide…

Dans cet examen des causes de sa passion, M. de Morville oubliait la plus essentielle… ses lettres à madame de Hansfeld, lorsqu’il avait compris par une singulière intuition de l’amour, presque toutes les émotions dont elle était agitée. S’il est vrai qu’on aime souvent en raison des sacrifices que l’on a faits à l’objet aimé, certaines âmes d’élite aiment en raison de l’élévation des sentiments qu’on leur inspire. Et M. de Morville devait à son amour pour madame de Hansfeld les plus nobles inspirations.

Que si l’on objecte que jeune, beau, sensible,