Page:Sue - Paula Monti, tome 1, 1845.djvu/159

Cette page a été validée par deux contributeurs.

pas entendre sa femme, et continua de regarder Berthe.

— Mais — reprit madame de Lormoy — savez-vous, princesse, que j’admire beaucoup ce M. de Brévannes ? D’après ce que nous a dit M. de Fierval, il s’est montré plein de délicatesse et de générosité dans ce mariage… épouser par amour une pauvre fille… cela se voit si rarement de nos jours !… D’après un trait pareil, il me semble qu’on peut préjuger de la valeur d’un homme… Ne le pensez-vous pas ? Avec l’élévation d’idées que je vous connais, vous devez faire grand cas de M. de Brévannes, ou plutôt de son noble désintéressement, de sa belle action, puisqu’il n’a pas le bonheur de vous connaître…

Madame de Brévannes est si jolie — dit la princesse sans trahir aucune émotion — elle paraît si distinguée, que le sacrifice de M. de Brévannes me paraît simplement du bonheur.

— Sous ce rapport, vous avez parfaitement raison ; mais à voir la figure caractérisée, presque dure, de M. de Brévannes, je ne l’aurais jamais cru capable d’un pareil trait de tendre passion… Et vous, princesse ?

— Les physionomies sont quelquefois si trompeuses ! — répondit Paula, dont le calme ne se démentait pas.

À ce moment M. de Fierval rentra dans la loge.

— Comment ! seul ? — dit madame de Lormoy.

— Et Léon ?