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— Mon Dieu, prince, j’ai mon neveu, M. de Morville, que je poursuis des mêmes reproches… Ma pauvre sœur, sa mère, a été si longtemps malade, et il l’a si affectueusement soignée, qu’il s’est déshabitué du monde. Dieu merci ! elle va mieux maintenant, mais mon neveu n’en persiste pas moins dans sa sauvagerie. Il devient bizarre, capricieux ; et j’ai été obligée de l’excuser auprès de vous, chère princesse, car après m’avoir demandé la grâce de vous être présenté, sa sauvagerie a repris le dessus, et il a prétexté de son éloignement du monde pour renoncer à cette faveur d’abord si désirée.

Madame de Hansfeld resta impassible en entendant ainsi parler de M. de Morville, qu’elle avait depuis longtemps aperçu aux stalles de l’orchestre. Elle répondit en souriant :

— J’ai entendu attribuer à une cause très romanesque la sauvagerie de M. de Morville. On parlait d’une peine de cœur très profonde… d’une fidélité qui n’est plus de ce temps-ci.

— Et on disait vrai… Les tantes doivent toujours avoir l’air d’ignorer ces amoureuses faiblesses ; sans cela, je vanterais la constance héroïque de mon neveu… Ah ! mon Dieu ! mais c’est lui, le voilà aux stalles… — dit tout à coup madame de Lormoy en apercevant M. de Morville.

— Monsieur de Fierval, puisque Léon ne veut pas me voir, ayez donc la bonté d’aller lui dire que je suis ici… Il ne nous échappera pas cette fois.