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effeuillant machinalement un bouquet de camélias roses qu’elle tenait à la main, elle semblait plier sous le poids de quelque chagrin.

M. de Hansfeld se sentait attiré vers cette jeune femme par la mystérieuse et puissante sympathie de la souffrance… Il lui était presque reconnaissant d’être, ainsi que lui, étrangère au bruit, au mouvement joyeux de cette salle brillante… Voulant juger si la perfection des traits de Berthe répondait à leur gracieux ensemble, il prit sa lorgnette.

À cet instant, madame de Lormoy se tourna vers lui.

— Eh bien ! prince, comment vous trouvez-vous ?

— Mille grâces, madame ! — répondit le prince en français et sans aucun accent, mais d’une voix faible et douce, — je me trouve très bien.

— La lumière vous fatigue peut-être, mon ami ? — demanda la princesse à son mari.

— Un peu… mais il faut que je m’y habitue… je vais devenir si mondain ! — ajouta-t-il en souriant.

— À la bonne heure, prince, — reprit madame de Lormoy. — Il n’y a rien de tel pour les maladies nerveuses que le mouvement… Je ne vous recommande pas les plus aimables distractions, madame de Hansfeld est auprès de vous.

— C’est elle qui aurait au contraire besoin de se distraire, — dit le prince avec bonté ; mais j’ai une peine extrême à obtenir d’elle qu’elle aille davantage dans le monde.