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commencement du second acte du Séducteur l’absorba complètement.

Le second acte eut un succès peut-être encore plus complet que le premier. Les amis de M. de Gercourt commencèrent à s’impatienter de cet heureux hasard, et l’un des plus dévoués dit :

— Maintenant je suis tranquille ; si cela tombe, malgré le talent qu’il y a dans ces deux actes, ce pauvre Gercourt sera bien innocent de cette chute… Je le dis à présent, sans savoir ce qui arrivera… tant mieux ou tant pis pour lui. Gercourt n’est pas l’auteur de cette pièce ; ça n’est pas son esprit.

Pendant cet entr’acte, nous conduirons le lecteur dans la loge de madame de Hansfeld.

Madame de Lormoy qui l’accompagnait, femme de cinquante ans environ, était une grande dame dans toute l’acception du mot.

Maintenant quelques mots du prince de Hansfeld, que le lecteur a déjà entrevu dans la galerie de l’hôtel Lambert.

M. de Hansfeld, si enfoncé dans sa loge que de la salle on ne pouvait l’apercevoir, était de taille moyenne, frêle, mince, et âgé de vingt-deux ou de vingt-trois ans ; ses traits étaient d’une extrême délicatesse, ses cheveux blonds ; une moustache et une barbe peu fournies, mais fines et soyeuses et d’une nuance cendrée, s’harmonisaient avec la pâleur transparente de son visage. Ses yeux très grands, très doux, étaient d’un bleu si lumineux que, malgré la demi-obscurité de la loge, on dis-