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un demi-voile de blonde noire (la marquise était en deuil).

Cette coiffure, que portent toutes les femmes andalouses, était charmant et donnait un nouvel attrait à la piquante physionomie de madame de Luceval. Elle était accompagnée de son frère et de sa belle-sœur, M. et madame de Beaulieu.

— Alfred… regardez, j’ai gagné mon pari — s’écria gaiement la marquise en s’adressant à son frère. — Madame Girard porte mon sobieska… Ma chère Alix, votre lorgnette, je vous en supplie ! — ajouta-t-elle en s’adressant à sa belle-sœur.

— Quel pari avez-vous donc fait avec Alfred ? — demanda madame de Beaulieu, — et qu’est-ce que madame Girard ?

— Alix, je vous en prie, ne riez pas trop, et regardez juste en face de nous aux premières… une femme en robe montante, de couleur nacarat…

Naturellement madame de Beaulieu était très rieuse ; la figure contractée, courroucée de madame Girard, qui fronçait les sourcils sous sa casquette à plumes, lui donnait une physionomie si burlesque, que la belle-sœur de madame de Luceval eut grand’peine à se contenir.

— Cette Girard doit sans doute, en sortant d’ici, représenter la Pologne dans un bal patriotique, fantastique et allégorique… — dit madame de Beaulieu.

— Mais, ma chère Émilie, — reprit madame de Beaulieu en contraignant son envie de rire, — quel