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défaut d’un valet de pied géant et poudré, le pauvre M. Girard se chargeait de la fourrure.

Madame Girard était une petite femme brune, rougeaude, assez bien faite, qui eût été jolie sans d’insupportables affectations. La pauvre Berthe ne put cacher sa surprise en voyant la singulière coiffure de madame Girard.

Voici en quoi consistait cette chose, bien faite pour exciter l’étonnement.

Qu’on se figure une espèce de casquette polonaise en velours noir et à petite visière, ornée d’un bouquet de plumes blanches attachées sur le côté par un gros chou de satin ponceau, le tout crânement posé un peu de travers sur la tête de madame Girard, dont les cheveux bruns étaient crêpés en grosses touffes.

Avec cette chose madame Girard portait une robe montante de velours nacarat à corsage juste comme un habit de cheval et ornée de brandebourgs de soie assortis à la couleur.

Cet habillement n’avait rigoureusement rien de ridicule ; mais complété par la casquette à plumes, il devenait si extraordinairement étrange, qu’il fit, pour ainsi dire, événement dans la salle… et toutes les lorgnettes commencèrent à se diriger sur madame Girard, qui ne se possédait pas d’aise, tandis que Berthe rougissait de confusion.

M. de Brévannes se mordit les lèvres de dépit en se voyant, lui et sa femme, pour ainsi dire affichés par l’inconcevable casquette de madame Girard ;