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gure… si beaux que soient ses yeux, on dirait des yeux… diaboliques.

— Peste ! cela devient intéressant — s’écria M. de Brévannes ; — la princesse est une véritable héroïne de roman moderne. Après tout ce que je viens d’entendre dire sur sa figure, je n’ose vous parler de son esprit. Ordinairement on n’exalte certaines miraculeuses perfections qu’aux dépens des imperfections les plus prononcées.

— Tu te trompes — dit le domino. — Ceux qui ont entendu parler madame de Hansfeld, et ceux-là sont rares, la disent aussi spirituelle que belle.

— C’est vrai — reprit Fierval ; — on peut seulement lui reprocher sa sauvagerie, qui s’effarouche des plaisanteries les plus innocentes.

— Il faut que la princesse y prenne garde — dit le domino. — Si ses affections de pruderie durent encore quelque temps, elle se verra aussi abandonnée des hommes que recherchée des femmes, qui à cette heure la redoutent encore, ne sachant pas si son rigorisme est réel ou affecté.

— Mais — dit M. de Brévannes — qui peut faire supposer la princesse capable d’hypocrisie ?

— Rien. Elle est très pieuse — reprit M. de Fierval.

— Dis donc dévote — reprit le domino — ça n’est pas la même chose.

— Quand on aime si passionnément l’église — dit un autre — on aime moins les salons et on donne moins de soin à sa toilette.