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souverain mépris pour le monde, ou tant d’amour pour la science, qu’il ne sort jamais de chez lui.

— Diable ! dit M. de Brévannes — c’est un personnage très mystérieux que cet Allemand ; comme mari, il doit être fort commode. Sait-on qui s’occupe de la princesse ?

— Personne — dit Fierval.

— Tout le monde ! — s’écria le domino.

— C’est la même chose — reprit M. de Brévannes. — Mais cette madame de Hansfeld est donc bien séduisante ?

— Je suis femme… et je suis obligée d’avouer que l’on ne peut rien voir de plus remarquablement beau — dit le domino.

— Elle a surtout des yeux… des yeux… oh !… on n’a jamais vu des yeux pareils — dit M. de Fierval.

— Quant à sa taille — ajouta le domino — c’est une perfection… de contrastes… imposante comme une reine, svelte et souple comme une bayadère.

— Ces louanges-là sont bien près de devenir des méchancetés, beau masque — dit Brévannes.

— Vraiment — reprit Fierval — il n’y a personne à comparer à la princesse pour la taille, pour la dignité, pour la grâce, pour la distinction des traits. Et puis son regard a quelque chose de sombre, d’ardent et de fier, qui contraste avec le calme habituel de sa physionomie.

— Moi, je l’avoue, il me semble que madame de Hansfeld a quelque chose de sinistre dans la fi-