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se leva péniblement et alla au fond de la galerie, dans laquelle on ne pouvait entrer que par une petite porte épaisse et bardée de fer.

Arnold ouvrit à moitié et d’un air soupçonneux un guichet pratiqué dans cette porte, et dit d’une voix faible :

— C’est vous, Frank ?

— Oui, Arnold… voici le jour… Tiens… prends la cassette, mon cher enfant — répondit une autre voix un peu cassée.

— C’est bien vous… Frank ? — répéta le prince.

— Par tous les saints, qui veux-tu que ce soit, sinon le vieux Frank ?… ouvre la porte… tu me verras en pied…

— Oh ! non, non, pas aujourd’hui…

— Calme-toi… mon cher enfant… tu as tes vapeurs… je le sais… mais prends donc la cassette… j’ai acheté le pain d’un côté… les fruits de l’autre…

Le prince allongea la main, et prit avidement une petite caisse de bois d’acajou cerclée d’acier qu’on lui passa par le guichet…

— Bonne nuit… ou plutôt bonjour, Arnold.

— Adieu, Frank…

Et le guichet se referma.

Non loin de la porte était un lit composé de deux épaisses et soyeuses peaux d’ours étendues sur un vaste divan. Arnold s’assit sur ce lit et mit la cassette sur une petite table d’ébène d’un curieux travail où était déposée une paire de pistolets chargés.