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instrument, était-ce la puissance du talent de l’exécutant ? jamais orgue n’exhala des sons à la fois plus suaves, plus sonores, plus mélancoliques, d’une tristesse, si cela peut se dire, plus passionnée !

Il serait impossible de deviner quel était le motif de ces chants d’une expression à la fois plaintive comme un soupir… ineffable comme le sourire d’une mère à son enfant… harmonie vague, indécise, capricieuse comme la pensée qui, flottant au milieu des nuages d’une imagination attristée, aperçoit quelquefois l’azur d’un ciel pur, éclairci, serein…

Le cœur le plus bronzé se fût amolli, détendu à ces mélodies pénétrantes, douces comme une rosée de larmes.

Au milieu du silence de la nuit, les sons déjà si graves de l’orgue augmentaient encore de solennité ; ils montaient au ciel… comme l’encens…

Il y avait surtout une phrase d’une pureté charmante qui revenait souvent et comme par intermittence dans le chant de l’orgue.

Pour rendre les idées qu’éveillait cette phrase enchanteresse, jouée sur les notes les plus élevées, les plus cristallines de l’instrument, il faudrait évoquer les idéalités les plus riantes, les plus jeunes, les plus fraîches ;

Tout ce qu’il y a de perles humides sur la mousse et de lueurs roses dans l’aube d’un beau jour de printemps ;

Tout ce qu’il y a de mystère, de rêverie dans les