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C’était le son d’un orgue dont on touchait avec un rare talent et une expression mélancolique. À ce son la princesse tressaillit et s’écria :

— Oh ! c’est lui… il veille encore… tiens, maintenant ma tête est si faible, que le bruit de cet orgue me semble effrayant, surnaturel… ce ne sont plus les sons de cet instrument que j’entends, mais les voix mystérieuses d’un monde invisible, répondant au prince qui les interroge… Oh ! grâce !… grâce !… cela m’épouvante !…

Par un hasard singulier, et comme si le vœu de la princesse eût été entendu, le chant de l’orgue expira lentement dans le silence de la nuit, en s’exhalant comme une plainte…

— Cet entretien m’a abattue, je frissonne, — dit Paula.

— Il faut vous coucher, marraine.

Après avoir présidé au coucher de madame de Hansfeld avec la plus grande sollicitude, et baisé respectueusement sa main, Iris ferma la porte de la chambre de sa marraine, plaça en travers un divan qui, découvert, formait un lit, et, après avoir verrouillé l’entrée de l’escalier secret, s’endormit profondément.