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— Beau masque, tu te trompes ; ma femme est la plus heureuse des femmes, je suis le plus heureux des hommes ; ainsi notre ménage n’offre aucune prise à la médisance… ne parlons donc plus de moi. Je suis une mode de l’an passé.

— Tu es trop modeste… tu es toujours, sous le rapport de la médisance, très à la mode. Préfères-tu que nous causions de ton voyage d’Italie ?

M. de Brévannes dissimula un nouveau mouvement d’impatience ; le domino semblait connaître à merveille les endroits vulnérables de l’homme qu’il intriguait.

— Sois donc généreux, méchant masque — répondit M. de Brévannes — immole maintenant d’autres victimes… Tu me sembles très bien instruit ; mets-moi un peu au fait des histoires du jour… Quelles sont les femmes à la mode ? Leurs adorateurs de l’autre hiver durent-ils encore cette saison ? Ont-ils impunément traversé l’épreuve de l’absence, de l’été, des voyages ?

— Allons, j’ai pitié de toi… ou plutôt je te réserve pour une meilleure occasion — reprit le domino. — Tu parles de nouvelles beautés ? Justement nous nous entretenions tout à l’heure… de la femme la plus à la mode de cet hiver… une belle étrangère… la princesse de Hansfeld…

— Rien qu’à ce nom — dit M. de Brévannes — on voit qu’il s’agit d’une Allemande… blonde et vaporeuse comme une mélodie de Schubert, j’en suis sûr.