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sa santé ; il lui avait fait répondre qu’il était un peu souffrant.

Madame de Richeville m’apprit que ma conduite était diversement jugée dans le monde ; les uns me blâmaient cruellement, les autres me louaient outre mesure. J’avoue que dans cette circonstance j’avais en moi de quoi balancer tous les jugements du monde.

Le lendemain je reçus cette lettre de M. de Rochegune.

Paris.

« J’ai été envers vous injuste, brutal et cruel, parce que j’ai été vaniteux. L’orgueil est au fond de tous nos mauvais sentiments : vous ressentiez pour un autre ce que vous ne ressentiez pas pour moi : mon amour-propre s’est révolté, mon bon sens s’est obscurci ; dans votre mari je n’ai pas vu un homme digne ou indigne de votre amour, j’ai vu un rival.

« Tout ceci est logique : je suis sorti de la sphère des sentiments élevés, je suis tombé dans les sentiments bas et jaloux, le paradoxe a remplacé la raison ; pouvais-je tou-