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Ensuite ce fut sur M. Lugarto que tomba tout le poids de mon exécration.

Oh ! il se vengeait du mal qu’il m’avait déjà fait… il s’en vengeait d’une manière bien atroce…

Mais comment lui, qui ne voyait jamais Emma, avait-il pénétré un secret que madame de Richeville et moi nous ignorions, un secret que le docteur Gérard soupçonnait seulement ?

La duchesse se croyait sûre de ses gens ; mais M. Lugarto n’avait-il pu en corrompre quelques-uns ? et d’ailleurs comment ses gens mêmes avaient-ils lu dans le cœur d’Emma mieux que sa mère, mieux que moi ?

En y songeant, cela ne se concevait que trop… J’étais constamment préoccupée de mon amour, madame de Richeville portait elle-même un vif intérêt à cet amour ; certaines remarques, certaines évidences avaient dû nous échapper : le soupçon de la passion d’Emma était à mille lieues de notre pensée…

Emma avait-elle donc une confidente parmi les femmes de madame de Richeville ? Cela n’était pas dans son caractère, et ces femmes