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odieux projets, que vous ne pouvez pas les avouer ?

— Il ne s’agit pas de mes projets ; j’ai le droit de vous garder chez moi, et je vous garde. Quant aux velléités que vous pourriez avoir de vous échapper de mes mains, soit à présent, soit plus tard, sous le fabuleux prétexte d’une séparation, je vous engage, pour vous distraire, à méditer à ce sujet une consultation dont voici la copie. Elle est rédigée par les plus fameux jurisconsultes de Paris, et m’a bien coûté cinquante louis, s’il vous plaît… C’est une folie dans ma position, mais je ne pouvais payer trop cher l’assurance de passer ma vie près de vous. — Et il me remit un papier. — Vous verrez que, sur la question de savoir si vous avez la moindre chance d’obtenir une séparation, les trois avocats ont unanimement déclaré que non, la voix publique nous attribuant des torts réciproques… C’était leur avis particulier, qui ne préjugeait en rien celui de la justice ; mais ils croyaient pouvoir affirmer qu’aucun tribunal ne voudrait même donner suite à votre demande en séparation s’il était formellement prouvé que vous