Page:Sue - Mathilde, tome 6.djvu/65

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

revenue à lui lorsque je l’ai vu malheureux et abandonné.

— Eh bien ! au moins dites cela… il est temps encore… de ne pas m’éloigner de vous à jamais ; l’humanité, dites cela, et je comprendrai que l’humanité est ainsi faite, qu’elle trouve le moyen d’abuser même du dévouement le plus admirable par une ambition insensée… je croirai que les âmes les plus nobles peuvent, dans une fatale erreur, tout sacrifier au besoin d’être admirées… à la rage de l’héroïsme… Dites que c’est par un sentiment d’austère pitié que vous retournez à votre mari… je vous croirai… vous serez toujours pour moi la femme entre toutes les femmes, celle à qui j’ai voué ma vie. Que voulez-vous ? vous avez l’exagération de vos vertus… comme tant d’autres ont l’exagération de leurs vices… Mais, par pitié pour vous et pour moi, ne me dites pas qu’un amour irrésistible vous jette dans les bras de cet homme, ne venez pas me dire qu’il est votre mari ! il ne l’est plus ; son ignoble conduite a mis entre vous et lui une barrière insurmontable… Vous pouvez avoir pour lui de la pitié, de la clémence, de la