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vous ayez de bien puissants motifs pour m’accueillir par une telle révélation… Heureusement ma foi en vous est à l’épreuve… j’ai assez étudié mon propre cœur pour connaître celui des autres, le vôtre surtout. Il ne s’agit que de me souvenir de ce que vous m’avez dit mille fois avant mon départ. Ce n’étaient pas là de vains mots : cela était vrai… senti…

— Mais…

— Mais… ma chère Mathilde, en vingt-quatre heures une femme comme vous ne se dégrade pas. La preuve que je ne vous en crois pas capable, c’est que je suis en cet instant ce que j’étais en entrant chez vous ; je ne crois pas un mot de la fable de la visite de votre mari. Vous le méprisez, vous le haïssez au moins autant et plus que vous ne l’avez jamais haï : voilà la vérité.

— Vous me croyez capable de mentir…

— Oui, certes, pour quelque but grand et glorieux… et je suis sûr maintenant qu’il y a là-dessous quelque dévouement mystérieux, oui, bien noble, bien beau, sans doute ; car, pour exposer ce que vous risquez, il faut de hautes compensations. Mais, heureusement,