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— Je vous assure que M. de Lancry parlait sincèrement… avec tous les ménagements, avec tout le respect possible. Il a avoué ses torts passés, il a mis dans cet aveu tant de généreuse franchise… que, sans l’excuser, on pourrait peut-être les lui pardonner.

M. de Rochegune me regardait avec surprise.

La mesure bienveillante avec laquelle je parlais de mon mari le confondait. Puis il secoua la tête, et me dit d’un ton touchant et pénétré :

— Allons, allons, je devine ; votre âme généreuse croit à ce repentir, si impossible qu’il soit, pour n’avoir plus l’occasion de haïr… Eh bien ! comme vous, je trouve que maintenant nous ne devons plus haïr ni mépriser… Oublions : l’oubli est le dédain, la vengeance des cœurs heureux.

— Ce n’est pas seulement pour m’exprimer son profond chagrin de m’avoir méconnue que mon mari est venu… il m’a dit… il a prétendu… que comme nous n’étions séparés par aucun acte légal… je devais…

M. de Rochegune m’interrompit vivement.