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vu M. de Rochegune. Je ne croyais pas qu’il pût en être autrement. Cela me semblait si naturel, que je n’en parlais pas… Être heureuse auprès de lui… c’était pour moi comme respirer… comme vivre… comme voir… comme sentir… Enfin j’étais comme quelqu’un qui aurait joui des bienfaits de Dieu… sans savoir qu’il y a un Dieu… Seulement, quand mon bonheur était troublé par quelque crainte ou par quelque souvenir, je ne pouvais cacher ma tristesse… Maintenant je m’explique mes larmes involontaires en voyant tomber la neige… C’est que M. de Rochegune avait manqué de périr sous la neige…

— Mais, avant mon arrivée, il parlait quelquefois de moi avec madame de Richeville, n’est-ce pas ?

— Oh ! toujours, il vous citait sans cesse comme la personne la plus accomplie, celle qu’il aimait le plus : c’est pour cela que je vous aimais déjà tant avant de vous connaître. Et puis j’ai été bien heureuse de vous voir… M. de Rochegune attendait votre retour avec tant d’impatience… Cependant…