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— Mais elle a raison… cette bonne… cette excellente duchesse, elle a raison ; les magistrats ne peuvent pas vous refuser ça… Est-ce qu’on arrache une nièce à sa tante ? Non… non… vous ne me quitterez pas. Comme ça sera généreux à vous !… comme ça sera beau ! après tout le mal que je vous ai fait… mais ça vous est bien égal, le mal qu’on vous a fait à vous. Vous êtes si bonne ! vous avez une si belle âme ! et puis, c’est si sublime de pardonner ! et puis je suis si malheureuse… Figurez-vous, ma pauvre enfant, que je suis la victime des misérables valets qui m’entourent. Voyez jusqu’où ils poussent la méchanceté ! j’avais un chien, un pauvre animal… qui m’était attaché… la seule créature au monde qui ne me hait pas. Dans mon isolement, c’était mon unique joie, mon unique consolation ; avec lui, au moins, je n’étais pas seule… Eh bien ! ils ont eu la barbarie de me le tuer… oui, j’en suis sûre… ils me l’ont empoisonné ; car, depuis qu’il est mort, je leur ai ordonné de m’en acheter un autre… ils ne m’ont pas obéi : ça n’a pas l’air croyable, c’est pourtant comme ça… Figurez-vous qu’ici personne ne m’obéit… qu’est-ce