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— Godet… Godet… calme-toi, je t’en conjure — dit Dieudonné effrayé de l’audace de son frère.

— Qu’il me fasse, s’il le veut, massacrer par ses sbires — s’écria Godet l’aîné. — Mais il a beau faire le mort depuis quelque temps, je soutiens qu’il machine !!

Après cette énergique et courageuse protestation, les deux frères entrèrent dans le café de madame Lebœuf. Ici commença pour eux une série d’étonnements plus foudroyants les uns que les autres. D’abord, au lieu du candide Botard, qui pêchait si merveilleusement les araignées dans les carafes, ils virent un grand homme maigre à cheveux et à barbe noirs, d’une physionomie sinistre, qui leur demanda d’une voix brusque :

— Que faut-il vous servir ?

Godet l’aîné regarda son frère avec surprise ; puis se ravisant, et pensant que Botard était nécessairement employé aux préparatifs du banquet, il répondit d’un ton protecteur :

— Mon bon ami, nous venons pour le déjeuner…

— Quel déjeuner ?