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elle toute la tendresse qu’elle méritait ; j’aurai, malgré moi, laissé pénétrer mes pensées… Un jour elle aura deviné l’amour que j’avais eu pour vous ! la pauvre enfant aura cru que mon mariage avec elle ne me rendait pas heureux… Cette fatale erreur l’aura tuée… il n’y a pas à en douter. Le chagrin que lui avait causé la révélation de sa naissance était presque apaisé : je la voyais renaître, lorsqu’une rechute affreuse s’est déclarée… En un mois, cet ange a été emporté !! J’ai la tête perdue… je suis fou de désespoir !.. » On comprend ma poignante, mon horrible douleur en apprenant cette nouvelle.

Je ne pouvais m’expliquer comment Emma avait pu savoir l’amour de M. de Rochegune pour moi, comment elle avait pu supposer qu’il l’avait épousée par pitié, comment enfin lui… lui s’accusait de sa mort. Ce mystère devait m’être dévoilé un jour.

Je quittai Hyères. En arrivant à Paris, je courus chez madame de Richeville.

Je m’attendais à la trouver éplorée, gémissante : elle était ferme, résignée, pieusement