réprobation universelle… une pauvre créature innocente.
— Ah !… c’est affreux — s’écria madame de Richeville en me regardant avec désespoir.
L’abbé Dampierre, croyant cette exclamation arrachée à la duchesse par l’approbation qu’elle prêtait à son discours, reprit avec chaleur :
— Et je ne dis pas assez : non… Madame… car j’enveloppe dans le même anathème et la mère qui tue son enfant et celle qui le dévoue à une vie de honte et de douleur.
— Ah ! Monsieur ! — s’écria Madame de Richeville.
— Oui, Madame… une femme criminelle est encore une mauvaise mère ; ne sait-elle pas que par une terrible nécessité morale et sociale son enfant est responsable du crime maternel ! Ne sait-elle pas qu’il est mis hors la loi commune ! qu’il n’a ni nom ni famille ! que ses lèvres ne prononceront jamais ce mot béni, ma mère ! ou bien que s’il connaît le crime secret de sa naissance… c’est pour être forcé de mépriser malgré lui ceux que Dieu veut qu’il respecte et qu’il chérisse !